L'avenir de la Catalogne fait salle comble à Perpignan
Le 08 novembre à 6h00 par B. G.

Jeudi soir, Carme Forcadell et Muriel Casals étaient invitées à commémorer le traité des Pyrénées.
Une salle comble et attentive, et deux oratrices de premier rang pour évoquer la Catalogne, son passé, et surtout son avenir. Hier soir, jour de commémoration du traité des Pyrénées, la Federació d'entitats per la defensa de la llengua i de la cultura catalanes avait fait les choses en grand pour commémorer les 354 ans du Traité des Pyrénées.
"Un jour de deuil pour les Catalans", comme l'a souligné Miquel Arnaudies, au nom de la Federació en accueillant Muriel Casals, présidente d'Òmnium cultural de Catalunya et Carme Forcadell, présidente de l'Assemblea nacional catalana pour un riche débat autour de l'indépendance. Une soirée qui se voulait le prélude, un peu plus politique, à la grande journée de mobilisation de samedi qui viendra clore le Correllengua 2013. Et qui, surtout, venait rappeler l'union des Catalans autour de l'Etat indépendant qu'ils espèrent. Au sud, comme au nord.
Carme Forcadell : "Une Catalogne indépendante améliorerait beaucoup les relations avec le Nord"
Carme Forcadell, présidente de l'Assemblea nacional catalana a répondu à nos questions.
Comment expliquer le tour plus volontariste pris par le mouvement pour l'indépendance ces dernières années ?
Il serait très difficile de l'expliquer en peu de mots. Cela remonte à loin, cela ne date pas d'aujourd'hui. Il y a beaucoup de personnes qui y travaillent depuis des années. Entre 2009 et 2011, il y a eu une série de consultations de la société civile, et cela a montré qu'il y avait une base solide de la population qui souhaitait aller dans ce sens. Mais il y a une date-clé, la sentence du tribunal constitutionnel espagnol en 2010 contre le statut de Catalunya, voté par le peuple catalan. A ce moment-là, de nombreux Catalanes et Catalans ont compris que s'ils voulaient continuer à faire partie de l'Espagne, il leur faudrait renoncer à être Catalans.
En organisant la Marche pour l'indépendance et la Via catalane, vous attendiez-vous à ce qu'autant de monde réponde présent ?
Nous sentions que beaucoup de gens avaient envie que la situation change. Mais il faut aussi prendre en compte la crise économique que traverse la Catalogne, et qui a fait réaliser que nous sommes un territoire mal traité par l'Etat espagnol : nous avons un des PIB les plus élevés de l'Etat, et en échange nous recevons moins de l'Etat que ce que nous lui apportons. Alors, quand tout va bien, ça passe. Mais quand la situation est difficile, cette injustice, les gens s'en rendent compte. Donc la crise a appuyé ce sentiment de vouloir faire changer les choses. Avec l'indépendance, nous sommes persuadés que la Catalogne sera plus démocratique, plus juste, et plus prospère, car nous pourrons disposer de nos ressources.
Si les revendications principales du Correllengua à Perpignan demeurent la défense de la langue et de la culture, le discours s'est peu à peu politisé en faveur de l'indépendance. La Catalogne est-elle consciente du soutien du Nord ?
C'est vrai qu'au Nord, le Correllengua est une manifestation culturelle et linguistique, comme elle l'était au départ dans le Principat (en Catalogne sud, NDLR). Cela vient du fait que sous le franquisme, c'étaient les seules manifestations possibles : la culture et la langue. Cela a changé il y a quelques années. Et cela peut également changer en Catalogne-Nord, au fil des années.
Quelle place aurait la Catalogne-Nord dans cette construction future ?
Nous envisageons la création d'un Etat catalan comme quelque chose de très bénéfique pour le Nord. Nous pensons toujours à l'ensemble du territoire, nous croyons que le traité des Pyrénées a divisé un territoire qui jusqu'alors était uni. C'est pourquoi nous ne renonçons pas, dans le futur, et seulement si les habitants de Catalogne-Nord le souhaitent, à réunir le territoire. Mais cela, ce sont les habitants de Catalogne-Nord qui doivent le décider, et pour l'instant cela est très, très loin. Les situations dans le Principat et en Catalogne-Nord sont très différentes, comme le sont aussi celles du pays Valencià et des îles Balears. Mais en tout état de fait nous savons aussi qu'une Catalogne indépendante améliorerait beaucoup les relations avec le Nord. Car nous partageons une langue, une partie de notre histoire, une partie de notre culture.