Texte de la conférence donnée lors de la 26eme rencontre inter-régionale de la FLAREP à Plestin-Les-Grèves (Bretagne) le 28 octobre 2012 par Joan Jaume Prost, président de l'A.P.A.
ATSEM en classe bilingue, quatre mots pour un défi.
Voyons où se situe le défi :
Le défi, c'est pour l'enfant de maternelle de devenir à son entrée en primaire ou dans son année de CP, avant la fin du cycle 2, un élève bilingue à l'oral. Bilingue à l'oral, cela signifie être passé par 3 stades de compétence :
• une compétence passive, qui est celle de comprendre tout ce que la maîtresse ou le maître dit et surtout ce qu'elle ou qu'il demande et de réagir en fonction de cette demande.
• une compétence intermédiaire, semi active, être capable de répondre et de s'expliquer dans des domaines lexicaux limités ou devenus familiers. Il ne s'agit là que de réemplois que l'on ajuste en fonction des circonstances, parfois avec plus ou moins d'hésitation ou d'incertitudes linguistiques.
Les expressions, les phrases sont standardisées comme du copier-coller. C'est la capacité à reprendre des comptines, des chansons et les expressions les plus utilisées en classe. Cette compétence intermédiaire est d'abord une phase de répétition active en situation. C'est déjà de l'appropriation de la langue, mais cela reste du domaine de la « mimique linguistique ». Un domaine que les apprenants
aiment reprendre entre eux mais souvent rechignent à exposer, par exemple, dans la famille. (Ne pas faire le singe savant).
• La troisième compétence est une compétence active. C'est celle qui mène à l'autonomie linguistique : l'enfant est capable d'exprimer une volonté, faire son récit, avoir une conversation. Il est capable de devenir à son tour inter-locuteur. Il a entre les mains les mêmes cartes que précédemment, mais il invente son propre jeu, il intériorise des normes, il sait que ça va, c'est comme ça, sans pouvoir expliquer le pourquoi, d'ailleurs le ferait-il pour le français ? Il va utiliser au début le même domaine lexical, mais dans des contextes nouveaux. Ce sont ses idées, ses intentions, sa volonté qui se révèlent alors et participent aux échanges linguistiques.
La phase d'appropriation devient active quand les structures de la langue sont reproduites et que progressivement le discours gagne en autonomie.
Il n'y a pas de passage d'une compétence semi active à active à un moment précis. Il y a une période de transition variable selon les contextes et qui est propre à chaque enfant. Ce passage se caractérise par des emprunts, des modélisations réussies ou non. Parfois les adultes stigmatisent ce qu'ils nomment erreurs quand ils ne disent pas fautes, alors que ce ne sont que des paliers, presque obligatoires, vers l'acquisition de la langue et de sa norme.
Cette compétence active de l'élève bilingue va se perfectionner durant toute sa scolarité et parfois à l'extérieur, mais le fait de l'avoir débutée tôt facilitera encore plus le travail d'acquisition, avec un résultat que beaucoup percevront comme une fluidité dans l'expression et un bon niveau de langue.
Où se situe l'ATSEM dans ce défi ?
Pourquoi ces quatre mots sont-ils les moyens de surmonter le défi ?
Prenons chacun des éléments en le précisant :
Pourquoi ces quatre mots sont-ils les moyens de surmonter le défi ?
Prenons chacun des éléments en le précisant :
classe : c'est le groupe, un espace d'apprentissage et d'échanges, lieu institutionnalisé. C'est l'espace-groupe figé à un instant donné, mais qui évolue tout au long de l'année scolaire, qui évolue mois après mois, semaine après semaine.
bilingue : c'est réunir les compétences à acquérir pour un objectif identifié. Parler
avec deux langues.
Cela se fait à travers un programme officiel, un projet d'école et surtout par un dispositif mis en place. Celui d'un temps d’expositions suffisant pour que le contact avec la langue soit le plus fréquent possible. Il faut que les enfants aient suffisamment de contacts avec la langue régionale. Je voudrais préciser que bilingue vaut plus par l'objectif à réaliser que par le temps distribué d'une manière
égalitariste. J'ouvre une parenthèse : 450 € de prime pour la rentrée scolaire par enfant, ne représentent pas la même chose pour une famille au Smic que pour une famille ayant 5500 € de revenu mensuel. Une heure de classe en breton en terme linguistique n'équivaut pas à une heure de classe en français.
Je viens de vous préciser classe et bilingue, maintenant je précise en la préposition : cela veut dire « dans » « in ». Cela ne se passe pas ailleurs, cela se passe en interne, dans cet espace classe défini.
Nous avons précisé le cadre dans lequel évolue la classe, il reste institutionnel. Comme dans toute classe, de même qu’au primaire, nous avons l'enseignant et les élèves, qui sont les deux acteurs de la classe. Il y a des échanges, la pédagogie va consister à faire que les échanges soient toujours actifs même si linguistiquement, je l'ai dit auparavant, il y a un stade passif, semi actif et actif. Toute la pédagogie est de faire qu'une langue venant du maître peut être re-prise par les enfants. A la dualité - inégalité au niveau de la connaissance (enseignant - apprenant) s'ajoute en classe bilingue la dualité - inégalité en niveau de langue (locuteur confirmé - locuteur apprenant) d'une façon beaucoup plus différenciée que dans les classes traditionnelles.
C'est alors qu'intervient le quatrième terme de notre titre : Atsem.
Nous connaissons tous l'activité de l'Atsem en classe maternelle. Lorsqu'elle n'est pas là, la classe fonctionne un peu ou beaucoup au ralenti, l'instit ne fait pas tout ce qui est prévu...
L'Atsem, si l'on se réfère à une terminologie plus administrative : c'est un agent territorial travaillant en classe maternelle, qui a en charge d'assister l'enseignant dans les activités, de préparer les ateliers, de nettoyer la classe et parfois d'assurer le service de cantine. Elle s'occupe d'enfants de 2 à 6 ans.
L'Atsem dans la classe traditionnelle entre par la porte de service. En classe bilingue, elle va pouvoir rentrer avec l'enseignant par la grande porte, pas au niveau administratif bien sûr, mais linguistiquement, car elle parle aussi, comme lui, comme elle, le breton, le corse, l’alsacien, le catalan, le créole... il va y avoir une égalité d'usage linguistique surtout si l'Atsem est locutrice. La compétence de l'Atsem est très variable et souvent cette compétence n'existe qu'à l'oral, certaines
ont pu bénéficier d'une formation linguistique ou encore hésitent à parler cette langue.
Grâce à l'Atsem, nous allons passer d'un dialogue (maître – enfants, enfants - maître) à un trilogue multiple. Attention, on passe d'un simple échange-dialogue à une multitude d'échanges.
Schéma. (maître – enfants, maître – Atsen, maître – enfants – Atsem... il y a neuf combinaisons possibles).
Les enfants vont devenir les témoins grâce à l'Atsem, de dialogues en langue corse, catalane, basque, flamande... Ce que disent les deux adultes, ça doit être intéressant, ça doit être utile, ça peut être important même si cela ne concerne pas directement les activités en cours. L'Atsem et l'enseignant par leurs dialogues, leurs échanges vont permettre aux enfants d'être les témoins d'une langue vivante et fonctionnelle, d'une langue en situation réelle de communication.
Après avoir été témoins, les élèves vont pouvoir entrer dans l'échange avec les adultes, voire intervenir avec les deux adultes.
Avec qui d'autre la maîtresse pourrait-elle le faire quotidiennement ?
Avec qui d'autre les élèves ont-ils cette possibilité d'échanges ?
Je voulais par mes propos vous montrer que la présence d'une ATSEM bilingue augmente la fréquence de la langue dans la classe, intensifie la durée d'expositions à la langue et améliore la qualité de l'expression en langue régionale à l'école. Sa présence permet également d'entendre une autre tonalité, un autre timbre de voix...
Pour comprendre l’importance de la présence de l’Atsem bilingue en classe maternelle, il suffit d’entrer dans la classe bilingue et de voir le fonctionnement de la classe. De l’I.E.N. …à la représentante de la municipalité, tous percevront le rôle de l’Atsen qui dépasse largement sa simple fonction.
Je terminerai en vous donnant des situations concrètes (une trentaine) où l'Atsem intervient ou pourrait intervenir en utilisant la langue « régionale » :
• mettre les chaussures
• préparer et distribuer le goûter
• préparer les activités
• remettre les enfants à la famille
• soigner les petits bobos
• consoler l'enfant, faire un câlin en breton ça doit valoriser la langue comme
une belle poésie
• surveiller la cour
• le passage aux toilettes
• guider les plus petits
• ouvertures / fermetures des portes de l'école
• aider les plus petits à couper la viande, à manger
• aider les plus jeunes à faire la sieste
• rassurer les enfants
• participer à l'accueil du matin
• participer à l'atelier de peinture
• lire une histoire lorsqu'ils se réveillent de manière échelonnée
• accompagner la classe lors d'une sortie
• accompagner lors de la sortie à la piscine, pas pour la natation, mais transport,
vestiaire, douche...
• aider aux déshabillages et habillages
• animer un atelier de lecture (5 à 6 enfants)
• animer un atelier de motricité (5 ou 6 enfants)
• animer un atelier de jeux( 5 ou 6 enfants )
• développer l'apprentissage de la propreté
• être à l'écoute des petits soucis
• préparer un anniversaire
• préparer Noël
• s'occuper du jardin de l'école
• préparer la fête de l'école
• améliorer la prise en main de la maîtresse remplaçante
• lire les consignes écrites au tableau ou sur un mur
• reprendre des chansons
• participer à la gestion de la bibliothèque de classe...
Toutes ces activités (et il y en a beaucoup d'autres....), qui ne sont que des activités normales en classe maternelle, deviennent en classe bilingue un formidable levier pour l'appropriation de la langue, sont l'occasion de faire vivre la langue. Surtout n’oublions pas qu’en classe bilingue, on verbalise beaucoup, on commente avec des gestes…
Souvent les Atsem disent : On est les mains, pas la tête.
En classe bilingue, nous pourrions rectifier en disant : vous participez activement à la parole vivante, alors vous êtes aussi la tête.
• mettre les chaussures
• préparer et distribuer le goûter
• préparer les activités
• remettre les enfants à la famille
• soigner les petits bobos
• consoler l'enfant, faire un câlin en breton ça doit valoriser la langue comme
une belle poésie
• surveiller la cour
• le passage aux toilettes
• guider les plus petits
• ouvertures / fermetures des portes de l'école
• aider les plus petits à couper la viande, à manger
• aider les plus jeunes à faire la sieste
• rassurer les enfants
• participer à l'accueil du matin
• participer à l'atelier de peinture
• lire une histoire lorsqu'ils se réveillent de manière échelonnée
• accompagner la classe lors d'une sortie
• accompagner lors de la sortie à la piscine, pas pour la natation, mais transport,
vestiaire, douche...
• aider aux déshabillages et habillages
• animer un atelier de lecture (5 à 6 enfants)
• animer un atelier de motricité (5 ou 6 enfants)
• animer un atelier de jeux( 5 ou 6 enfants )
• développer l'apprentissage de la propreté
• être à l'écoute des petits soucis
• préparer un anniversaire
• préparer Noël
• s'occuper du jardin de l'école
• préparer la fête de l'école
• améliorer la prise en main de la maîtresse remplaçante
• lire les consignes écrites au tableau ou sur un mur
• reprendre des chansons
• participer à la gestion de la bibliothèque de classe...
Toutes ces activités (et il y en a beaucoup d'autres....), qui ne sont que des activités normales en classe maternelle, deviennent en classe bilingue un formidable levier pour l'appropriation de la langue, sont l'occasion de faire vivre la langue. Surtout n’oublions pas qu’en classe bilingue, on verbalise beaucoup, on commente avec des gestes…
Souvent les Atsem disent : On est les mains, pas la tête.
En classe bilingue, nous pourrions rectifier en disant : vous participez activement à la parole vivante, alors vous êtes aussi la tête.
Je vous remercie de votre attention.
Joan Jaume PROST
Plestin les Grèves 28/10/ 2012