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mercredi 8 décembre 2010

Y A T-IL DES SOLDATS POUR SAUVER DÉODAT ? Suite et fin.

Extrait du Courrier de Céret du 6 décembre 2010 N° 1663

LE LYCÉE DÉODAT DE SÉVERAC :

Y A T-IL DES SOLDATS POUR SAUVER DÉODAT ? Suite et fin.

Plaidoyer pour le lycée d’enseignement général de Céret, par Robert Majenti, professeur de sciences économiques dans cet établissement.

Suite du N° 1662

Le Courrier de Céret : Si vous pouviez développer votre argument en chiffres...

Robert Majenti : La rénovation du Lycée de Céret, qui n’a rien de spectaculaire, représente treize millions d’euros, il faut compter cinq fois plus pour celui d’Argelès-sur-Mer. Le gros lycée d’hôtellerie-tourisme, à Montpellier, a coûté plus de cent millions d’euros. Pour le contribuable ce serait plus intéressant d’optimiser Céret que d’ériger une nouvel établissement sur la côte.



Le Courrier de Céret : Justement avez-vous ouvert un dialogue avec les gens de la Côte ?

Robert Majenti : C’est très difficile, pour une raison simple. Les habitants de ce secteur ont été très désinformés. On leur a dit qu’à Céret c’était mauvais, que la ville était en perte de vitesse. Il y a quand même eu des parents pour voir que nous dispensons un enseignement de qualité qui a permis à leurs enfants de réussir mais la désinformation continue à se faire, et ce depuis vingt ans. De plus, les gens du secteur argelésien se disent que si nous défendons notre lycée, c’est forcément contre leurs intérêts, ce qui est faux. Nous ne sommes pas contre l’existence de deux lycées, à condition qu’ils soient viables l’un et l’autre, comme je vous l’avait déjà dit. Mais on sait très bien que, dans l’optique actuelle du gouvernement, on ferme des classes à partir d’un quota d’élèves, coupes budgétaires obligent.



Le Courrier de Céret : Comment réagit le maire d’Argelès-sur-Mer, Pierre Aylagas ?

Robert Majenti : Il défend son projet mais aussi l’existence de celui de Céret. Il nous conseille une spécialisation vers les filières des arts appliqués, en accord avec l’image de notre cité : «Ville de musée, ville de peintres». C’est vrai qu’aujourd’hui un élève qui veut s’inscrire dans cette branche a beaucoup de mal à trouver un lycée public qui la propose. Le plus près est le lycée Hemingway, de Nîmes. C’est une formation très intéressante et très diversifiée qui peut déboucher sur une bonne insertion professionnelle. Oui mais voilà, elle est très difficile à mettre en place. Admettons quand même que nous créions une filière débouchant sur un B.T.S. Où prendrions-nous les élèves ? Il y a déjà l’I.D.E.M., au Soler, qui propose une formation de ce type. Admettons que nous ayons une seconde, une première, une terminale à trente élèves chacune, cela nous fera, en arrondissant, une centaine d’élèves venus de tout le département, voire de l’académie. Ce n’est pas cet apport qui va gonfler les effectifs. Le fond de commerce d’un lycée, ce sont les collèges qui nous envoient les enfants après la troisième...


Le Courrier de Céret : Le combat vous semble-t-il inégal entre les deux villes ?

Robert Majenti : La mobilisation à Argelès-sur-Mer est très forte et très ancienne. Leurs politiques ont porté le flambeau, ils ont fait preuve d’un dynamisme que n’ont pas eu les vallespiriens. Il aurait fallu avoir la même énergie que contre la T.H.T., frapper fort d’entrée. Le maire Alain Torrent aurait pu aller voir le préfet, brandir la démission du Conseil Municipal...

Le Collectif de Défense est donc parti à peu près seul pour tirer la caravane. Christian Bourquin, alors président du Conseil Général, n’a que survolé le dossier. Il nous a dit que la construction d’Argelès n’entraînerait qu’une baisse de 10 % des effectifs ! Les chiffres du Rectorat et de l’I.N.S.E.E. parlent de 35 à 39 % ! Forcément nous aurons moins à offrir, cela va décourager les jeunes ménages de s’installer dans le Vallespir et à plus forte raison le Haut-Vallespir. Cette perte de population avec des enfants d’âge scolaire va fragiliser encore plus le collège d’Arles-sur-Tech, qui vivote avec 350 élèves, peut-être condamner la classe unique de Serralongue. On verrait aussi les effets induits sur le petit commerce. Nous en revenons au déséquilibre territorial.



Le Courrier de Céret : On sent bien qu’Argelès-sur-Mer ne cèdera rien sur son nouveau lycée. Est-il encore possible de mener une action sur Céret ?


Robert Majenti
: Ce qui me rend pessimiste, après tous les efforts que nous avons fait, c’est qu’à la réunion de rentrée il n’y avait que peu de monde, peut-être soixante personnes. Si on enlève les trois ou quatre élus, les vingt profs, les quinze délégués de parents d’élèves... Il restait peut-être dix ou quinze parents. La réalité est là : ce n’est pas une mobilisation populaire. Le recteur d’académie, lorsqu’il a reçu les syndicats au mois d’août, a précisé que tout serait plié avant la fin de l’année, ce qui veut dire que les structures des deux établissements seront arrêtées. Notre horizon c’est Noël et ce que nous redoutons, c’est que l’on sacrifie le maillon faible.



Le Courrier de Céret remercie Robert Majenti de son analyse détaillée d’une situation alarmante à la fois pour notre lycée et pour tout le Vallespir.


Extrait du Courrier de Céret du 6 décembre 2010 N° 1663