CERET - Le lycée de la ville survivra-t-il à la construction de celui d'Argelès ?
© D. Dupont
Pour assurer l'existence d'un lycée, il faut au moins 8 à 10 divisions (classes) de seconde, soit environ 300 élèves. Ce seuil pourrait ne plus être atteint à Céret si un autre établissement s'ouvrait dans le secteur. CERET
Il y avait du monde lundi soir au premier étage de la salle de l'Union pour la réunion sur l'avenir du lycée. Parents d'élèves, personnel du lycée, Alain Torrent le maire de Céret, celui de Saint-Jean-Pla-de-Corts, tous s'étaient déplacés pour écouter le personnel de l'établissement inquiet comme tout le monde des gros nuages qui s'amoncellent au-dessus de Déodat-de-Séverac. "Un lycée ne meurt pas d'un infarctus ou d'une rupture d'anévrisme, indiquait Alain Torrent, mais plutôt d'un cancer qui le ronge. Et ce cancer peut se déclencher si on ne prend pas garde à l'ouverture du lycée d 'Argelès". Car tout le problème est là : l'ouverture annoncée d'un nouveau lycée dans le secteur de "recrutement" de celui de Céret. Le risque est de voir l'établissement existant perdre des élèves au profit d'Argelès et manquer alors de "divisions" de seconde pour passer sous le seuil fatal du minimum requis. Les organisateurs de la réunion de lundi présentaient une étude préliminaire sur l'opportunité de la construction d'un nouveau lycée à Argelès, un document d'avril dernier émanant des services du rectorat.
Calculs savants
Les spécialistes de l'Éducation nationale ont analysé les chiffres, détaillé les volumes d'élèves par collèges aboutissant dans le lycée de Céret et ceux qui iraient éventuellement sur Argelès, ils ont estimé les contraintes du temps passé par les lycéens dans les transports, on a trituré toutes les données dans tous les sens et le constat est clair : deux lycées sur le secteur c'est un de trop, aucun des deux établissements n'aurait assez d'élèves pour fonctionner correctement. La seule chose qui pourrait (éventuellement) changer la donne serait de spécialiser le futur lycée en tourisme et (ou) hôtellerie afin de ne pas impacter les sections générales de Céret. Le maire de la ville produisait alors un courrier qu'il adressait aux Cérétans en 2004, où déjà il alertait la population sur le sujet. "À l'époque le recteur en place était sur la même réflexion que moi, admettait le maire, aujourd'hui le nouveau responsable du rectorat est moins clair on ne sait pas vraiment ce qu'il pense du futur lycée d'Argelès et de son orientation pédagogique".
Tout est politique
Puisque tout le monde consent à dire qu'un lycée à Argelès signerait la mort lente de celui de Céret sans avoir pour autant une viabilité forte, pourquoi s'entêter à le construire ? "C'est un problème purement politique croit savoir un des participants. La région a promis avant les élections qu'elle construirait un lycée à Argelès, elle le fera. Il faut maintenant que les politiques du département et de la région se positionnent et nous disent ce qu'ils pensent réellement de la pertinence de ce futur établissement". On a même ressorti les vieilles querelles et les cadavres des placards. "Depuis les dernières législatives, assurait un parent d'élève, le maire d'Argelès en veut à Céret où il lui a manqué beaucoup de voix pour passer député". On le voit le dossier touche aussi parfois à l'irrationalité. "On doit se faire une raison et ne pas se voiler la face, poursuivait un membre de la FCPE locale qui prenait ses distances avec sa fédération départementale. Le lycée d'Argelès se fera, il faut maintenant s'interroger sur ce que l'on veut faire de celui de Céret. On peut imaginer des classes prépas littéraires, il n'en existe que très peu, éventuellement une filière BTS, il faut aussi miser sur l'atout de l'internat qui peut même se développer".
Réfléchir en intelligence
Robert Garrabé enfin résumait les prises de position, invitait tout le monde "à réfléchir en intelligence", et en tout état de cause "à définir un plan d'action pour sauver Céret en affirmant son caractère d'enseignement général afin de continuer à avoir des secondes puissantes" . Une délégation comprenant des représentants du personnel de Déodat-de-Séverac, des parents d'élèves et des élus se rendra le 16 juin prochain à Montpellier pour rencontrer le recteur et entendre sa position sur le futur projet d'Argelès. Certains ont déjà donné une date d'ouverture de l'établissement : janvier 2014.