Article paru dans l'Indépendant du mercredi 31 mars 2010
Mardi noir dans l'Education à Perpignan
© Photo Ph. Rouah
Hier après-midi, à l'heure où se tenait le conseil départemental de l'Education nationale, près de 300 personnes - parents d'élèves, enseignants, élus - se sont massées devant l'inspection académique pour protester contre les suppressions de classes à la rentrée 2010. Sans effet sur les décisions finales.
R ien n'y aura fait. Ni la mobilisation massive des élèves et de leurs parents. Ni la détermination des enseignants, des syndicats et de la fédération des conseils de parents d'élèves. Pas plus que la multiplication des écharpes tricolores dont s'étaient ceints les élus. Au sortir du conseil départemental de l'Education nationale, qui se tenait hier après-midi à l'inspection académique des P.-O., le constat était sans appel : "Aucun recul". Pas de bonnes surprises donc, et même une surprise aigre-douce : "L'inspecteur d'académie a annoncé la fusion des deux écoles de
Collioure pour la rentrée. Autant dire que ce n'est pas bien passé...". Pourtant, les opposants à la carte scolaire de la rentrée 2010 dessinée par l'inspection académique avaient affûté leurs arguments. "Entre les 25 fermetures de classes annoncées à la rentrée et l'ouverture du jardin d'éveil de Canet, cela devient vraiment intenable", expliquait par exemple Jean-François Virama, pour l'Unsa-Education. "Et dans le même temps, on justifie l'ouverture du jardin d'éveil de Canet par la fermeture des classes en maternelle... Alors que tout cela est véritablement une question de budget. Car si l'on maintient une classe de maternelle, l'Education nationale doit payer un enseignant !".
Le mammouth désossé Une logique comptable et arithmétique, loin de l'éducation à proprement parler, que dénonçait également Marc Moliner, pour le Snes-FSU. "Pour le 2 nd degré, on nous annonce 11 élèves en moins dans les collèges à la rentrée prochaine et une suppression de 10 postes. Soit pratiquement un poste par élève. C'est un très bon ratio pour l'Education nationale... Et dans les lycées, on nous annonce une suppression de 8 postes pour un effectif en hausse de 78 élèves. D'une façon générale, cela veut dire que l'on supprime en tout 18 postes dans le 2 nd degré, qui gagne pourtant 67 élèves. L'explication démographique ne tient plus". Et Gérard Gironell, co-secrétaire de la FSU, de résumer : "Le quantitatif prime désormais sur le qualitatif". Malgré ce tableau noir, beaucoup avaient l'espoir de faire valoir leurs arguments auprès de l'inspecteur d'académie, Dominique Beck. Espoirs balayés à l'issue d'une réunion de plus de 3 h, "dont deux très tendues" d'après les syndicats, qui regrettaient par ailleurs l'absence de tout représentant de la préfecture. Amer, l'un d'eux lâchera : "A l'époque on voulait dégraisser le mammouth ; aujourd'hui, on le désosse...".
Barbara GorrandArticle paru dans l'Indépendant du mercredi 31 mars 2010